lundi 28 novembre 2011

L’escapade

Avant billet : J’ai pris beaucoup de retard sur ce que je souhaite vous confier. Il y a évidemment quelques raisons à cela. Je rattraperai. En attendant, tout ce que je vais vous raconter aujourd’hui  s’est en fait passé le vendredi 25 novembre.

Aujourd’hui, je me sens un tout petit mieux. Moins mal par-ci, moins mal par là, mois de fatigue surtout… Bref moins de moins, et surtout, plus d’énergie !!
Alors… Alors ? Alors, j’ai osé l’escapade ! Si ! J’ai chaussé mes bottines, mis mon jeans préféré (qui en plus me va comme un gant car depuis un mois j’ai perdu 4 kilos…). Plus ce serait trop, mais la c’est parfait. J’ai choisi un joli pull à col roulé (c’est l’hiver à Issy-les-Moulineaux). J’ai aussi pris mon écharpe, mes gants, mon bonnet, et me suis évadée de mon canapé !! A moi l’aventure au coin la rue. A moi les petits pas dans le quartier, À moi l’achat de la baguette et le « comment allez-vous ? » de la boulangère, à moi le lèche-vitrine. Et tant pis si le ciel est gris. Je trouve tout joli.



Déception…

Il y a un truc que je ne vous ai pas dit. C’est que, parmi les effets secondaires, j’ai eu droit à une très forte (mais vraiment très forte) poussée d’acné, sur le visage, le cou et le décolleté… J'ai donc vraiment une très salle gueule. Mais pas le genre de tête comme quand vous voyez un héro de cinéma marqué par son aventure, le visage buriné, creusé, plein de boue ou bien les lèvres desséchées avec du sable collé sur les paupières parce qu’il a traversé le désert..., ce qui en plus lui donne un charme particulier. Non, moi, j'ai juste une très salle gueule…  Une tête horrible. Hiroshimesque. Encore la faute à la chimiothérapie.

Pour dédramatiser, mon chéri qui ne manque jamais d’humour dit que j’ai rajeunit de plusieurs années, m’appelle sa petite ado, et prend la voix d’un garçon de 13 ans en pleine mue pour me parler… !!! Ce qui fait beaucoup rire ma fille.

Mais revenons à ma petite escapade... Il est 15h,  je passe devant une petite boutique que j’aime bien où j’ai ai déjà acheté deux paires de boucles d’oreilles, mais on y trouve aussi de jolis foulards, des sacs, et des…bonnets !!
En vitrine l’un d’entre eux, une casquette un peu rigolote, attire mon attention. Mon côté « nana » ressort. J’ai envie de voir ça de plus près, d’en voir d’autres aussi, surtout que je ne vais pas non plus tarder à perdre mes cheveux…
Dilling… Je passe la porte. Aussitôt la vendeuse me regarde l’air effarée. La cliente qui, Elle, essaie des foulards me lance un regard glacial.
Je ne me laisse pas abattre, je me dirige vers les articles qui m’intéressent, sans rien toucher, "plaisir des yeux" comme disent les Marocains, mais je comprends très vite que je ne suis pas la bienvenue …
Je pense alors à ma salle tronche et rassure la vendeuse : « ne vous inquiétez pas je regarde mais je n’essais rien… » Je suis suffisamment bien élevée pour me conduire correctement tout de même. La commerçante, semble apaisée mais garde un oeil sur moi. Sait-on jamais. J’ai donc bien l’air d’une pestiférée…
Alors triste, énervée aussi, tout de go je balance : « Bon ça va,  ne me regardez pas comme ça, je suis en chimiothérapie, cancer du sein, j’ai fait un grosse réaction cutanée, désolée...j’avais juste envie de voir vos casquettes qui ont l’air sympa… » 
Stupéfaite, voilà qu'elle devient plus compatissante : « Ah je comprends ! Deux de mes amies sont passées par là, je sais ce que c'est vous savez ! Vous vouliez donc voir les bonnets ? J'ai des polaires ou des casquettes qui couvrent bien la tête. Une nouvelle collection. Bien sur je peux vous les faire voir et vous les essayerez la prochaine fois… »
L’escapade rêvée s’est donc révélée une bien triste aventure…Oserais-je encore sortir dans la rue avec cette tête là ?

Consolation…

De retour à la maison, M.L, une amie m’appelle et me propose de venir me rendre visite vers 16h30. Bonne surprise, j’accepte.
C’est avec elle, il y a quelques années de cela maintenant que j’ai découvert le Portugal. Là-bas, ses parents ont restauré une adorable maison de village avec un vieux puits en pierre au milieu de jardin. Située à une vingtaine de kilomètres de Lisbonne, j’ai passé là, avec mon amie et sa famille, une quinzaine de jours formidable. Bref.
Elle sonne, entre, accroche son blouson au porte-manteau et sort de derrière son dos une jolie boite, rectangulaire, couleur crème. Un boite qui ressemble à celles qui emballent les sublimes macarons de chez Ladurée…Mais sur celle-ci, on peut lire : « Comme à Lisbonne ».
Cadeau !

Vraiment trop bon… 

J’ouvre alors la boite précautionneusement, et je découvre, sur deux rangées, des Pasteis de Nata… miam, miam, miam…
Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des petits flans à la crème, une spécialité de Lisbonne.
Je mets l’eau à chauffer pour le thé. Le four aussi, car les flancs doivent passer une minute à forte chaleur avant d'être dégustés. Et c'est un goûter de rêve.
M.L m'offre aussi « La vie est belle » en DVD avec James Stewart, une valeur sûre pour chasser les mauvaises ondes et les mauvaises pensées…
Quelle délicatesse ! Me voilà moins triste, moins en colère, tout ça... Et, secrètement je pense qu’il y a des moments sacrés à partager dans ses période post-chimio.  C'est l'amitié. 

Le soir nous dinons chez Tango2Alpha. Un autre bon moment. La vie est parfois belle :-)))

PS : je vous rassure, pour les boutons, je suis sous antibios et ça va déjà beaucoup mieux !!

PSS: Une bonne adresse à Paris pour les petits flancs portugais...

2 commentaires:

  1. Quel plaisir de partager avec vous deux ce bon moment par blog interposé !
    Bises.
    Jean-Marc

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  2. Pour faire ressurgir les bons souvenirs, mieux que les petites madeleines de Proust: les pasteis de nata ! Merci pour ce tea time Caro, et merci itou à Mister F pour ses belles photos (il est bon le bougre !!). A très vite. M-L

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