lundi 14 mai 2012

Radio Thérapie !



Avant propos : j’ai eu du mal à écrire ces derniers temps. Plusieurs raisons à cela : emploi du temps chargé, des émotions pas toujours faciles qui refaisaient surface et des moments où j’allais aussi bien (mieux), alors, j’avais juste envie d’en profiter…

Mes jours et mes semaines sont désormais rythmés par la radiothérapie, nouvelle et avant dernière étape de mon programme de choc.

Alors la radiothérapie qu’est-ce que c’est ? Et bien je vais vous le dire Madame Ouistiti !!
Bon plus sérieusement, pour ceux qui ne connaissent pas cette arme thérapeutique, réponse : il s’agit d’envoyer des rayons sur les tissus proches de ceux qui ont été atteints par le vilain cancer et de les irradier pour tuer les méchantes cellules qui auraient échappées aux traitements précédents (chimio, opération). Les cellules qui auraient tenté de résister ou de se planquer pour mieux revenir plus tard. Mais personne n’est dupe ! A l’assaut ! Radiothérapie pour celles-ci !


ça se passe comme ça chez Mc Curie !

Alors comment ça se passe ? Et bien je vais vous le dire Monsieur Tapir !
Déjà, en cadeau de bienvenue, vous avez droit à une longue et jolie séance de tatouage ! Si, si. C’est extra ! Vous passez plus d’une heure entre les mains du radiothérapeute et de son équipe. Ils prennent des radios, des repères, et marquent d’un coup de feutre des croix et des traits sur votre torse. Si vous avez vu le sketche sur les tatouages de l'humoriste Belge, François l'embrouille, vous comprendrez très vite de quoi il en retourne. 
Ensuite ils recouvrent leur œuvre de bouts de scotches waterproof car vous devez conserver cette fresque sur votre corps (de rêve) tout au long du traitement.

Dans mon cas, le traitement équivaut à 33 séances de radiothérapie, à raison d’une par jour, exceptés les we et les jours fériés. En clair, j’en ai pour deux petits mois.


ce serait pas mal ici non?

 les séances....

Vous êtes convoqué à des horaires très précis (ex : 17h15, 17h40, 15h20). Première mission, arriver à l’heure ! C’est mieux, même si vous attendez parfois longtemps votre tour. Parfois, pas toujours.
Vous patientez dans une salle d’attente où vous croisez assez souvent les mêmes patientes.
Certaines profitent de ce moment pour se plonger dans un bon polard, un livre de poésie ou un magazine ultra light, genre Gala. D’autres consultent nerveusement leur i.Phone. D’autres encore viennent accompagnées. D'autres enfin cherchent le dialogue, racontent leur histoire à haute voix même si personne n’a envie de l’entendre, du style j’en suis à mon 3e cancer ! (Non non non je veux pas savoir… Stop !!!)
Des liens se tissent aussi spontanément entre certaines femmes. La bienveillance est alors de mise. Echange de bons conseils, partage des expériences…
Chaque femme est différente, chaque jour est différent.

Mme « bip », c’est à vous !

Comme à l’école, concentrée sur les dernières recettes de desserts d’Elle ou Marie-Claire (que vous pensez bientôt faire mais que vous ne ferez jamais) vous entendez votre nom sonner.
Vive, (car vous l’êtes plus qu’en chimio !) vous vous levez pour vous diriger et pénétrer dans une petite cabine, genre cabine de plage, la mer et la déco en moins. Bien dommage ! Appelez-moi tout de suite Valérie Damidot !!
Bien évidemment (c’est désormais devenue une habitude), vous vous déshabillez (juste le haut) et vous allez directement vous allonger sur une table (oubliez tout de suite votre lit douillet), ou plutôt une sorte de planche en ferraille recouverte d’un bout de rouleau de papier épais comme du PQ. Bref, pour le confort, je dirai, même pas 1 étoile ! ZERO !
Bon ok, rappel, vous n’êtes ni à l’hôtel, ni sur la plage… Vous êtes en radiothérapie, en zone protégée et ultra sécurisée, y’a même des logos qui font peur sur les portes. On doit bien avoir des têtes de VIP pour avoir le droit d’y entrer !!

pas bouger !!

Bon, l’étape la plus délicate arrive alors. En fonction de votre morphologie et des zones à traiter le but est que vous retrouviez très précisément la position dite « de traitement » qui vous a été attribuée au départ. Les tatouages, c’est donc pas pour rien. Les rayons doivent taper sur les zones coloriées, pas ailleurs, sinon : DANGER !! 
Moi je suis allongée sur le dos, le bras gauche pris dans une sorte d’étau, le cou dans une coque, la main droite bien à plat sur ma hanche, le torse un peu bombé et tordu sur la droite.
Les manipulateurs sont silencieux, calmes, on ne doit pas leur parler pour ne pas les distraire. Ils recalculent tout, puis vous disent : « c’est bon, on y va ». Et là, sur ces trois pauvres mots, ils vous abandonnent lâchement et filent aux abris avant d’envoyer les radiations.

L’espèce de truc en forme de soucoupe volante au-dessus de votre tête fait des petits bruits, puis vous entendez une sorte de signal d’alarme qui dure moins d’une minute. Et là, faut pas bouger d’un iota, ils envoient les rayons. Vous êtes sous surveillance. Comme pour vos retraits d'argent, il y a une caméra. Au cas où...

Tout de suite après les manipulateurs reviennent, changent l’engin et la table sur laquelle vous êtes installée de position, refont des calculs savants (pendant ce temps là vous ne devez toujours pas bouger d’un pouce) et repartent aussi sec. Et rebelote.
Pour ma part je reçois les rayons sous quatre angles différents. Mes séances durent en moyenne un bon quart d’heure.

Une fois par semaine j’ai droit à des radios de contrôle supplémentaires et à une consultation avec le radiothérapeute.

même pas mal !! 

Voilà, vous savez tout. Non ?
Est-ce que cela fait mal ? Non, c’est indolore. Le plus dur c’est de tenir en place sans éternuer ou avoir envie de se gratter le pied. Au fil des séances votre peau change. Vous attrapez comme un gros coup de soleil (je n’en suis pas encore là mais tiens ça me rappelle une chanson...). Et comme tous les traitements, certains le supportent plus ou moins bien que d’autres.
C’est aussi fatiguant. Mais je vous l’ai déjà dit, c’est pas tout à fait comme à la plage. Pourtant, en fermant (très très fort) les yeux, on pourrait presque y croire !

Bonne semaine !

CC

Ps1 : mon chéri s’est envolé hier pour quelques jours de vacances (très méritées)… Mais il me manque beaucoup. Bouuuhh.

Ps2 : une pensée pour Mme P . dont les blagues nous manquent aussi.

Ps3 : une pensée pour Adeline qui continue à se battre de toutes ses forces.

mardi 1 mai 2012

Au sein de la mode !




Tout s’est passé le jeudi 26 avril…





Si on m’avait dit un jour que je jouerais les mannequins ! A plus de 40 ans !!??  Non, franchement, est-ce bien raisonnable !!??
Réponse ? Je m’en fous !! Y’a pas d’âge pour s’amuser, y’a pas d’âge pour faire du vélo, y’a pas d’âge pour manger du chocolat, y’a pas d’âge pour courir dans les prés, y’a pas d’âge pour… défiler !!

Comme prévu nous arrivons, mon chéri, sa fille et moi, au théâtre de Neuilly à 17h.

Mon chéri repère les lieux, installe sa caméra (nous avons promis un film à l’association « Au sein de la mode »), tandis que je m’oriente vers les coulisses où les mannequins sont attendues.
Là, une dizaine de jeunes maquilleuses et coiffeuses issues de leur école de formation sont présentes. Aussitôt arrivée l’une d’entre elle m’invite à m’asseoir, sort sa trousse multicolore, ses pinceaux, ses petits pots de crème…et me dessine des yeux de biche.
Waouh ! Moi qui ne m’étais pas maquillée depuis quelques longues semaines, la faute à la chimio, me voilà toute pimpante !

Une des jeune coiffeuse propose ensuite de s’attaquer à ma chevelure blonde mais je la stoppe tout de suite  dans son élan : « c’est une perruque !  suis-je bien obligée de lui confier. Faire des bouclettes et des frisettes avec n’est peut-être pas une très bonne idée !! »
« En effet, mieux vaut ne pas y toucher », convient-elle, encore sidérée par la « haute qualité .. » de ma coiffe.


La répét…

Une fois toutes pomponnées, répétion générale en musique dans la grande salle.
Les unes après les autres, nous foulons avec plus ou moins de réussite le tapis rouge.
Je précise (rappelle) que toutes les femmes qui défilent sont atteintes d'un cancer du sein. Certaines sont encore, comme moi, en traitement. D'autres sont en rémission.

Parmi nous, il y a une pro. Une seule. Une mannequin professionnelle. Waouh, c’est la grande classe : démarche langoureuse, regard posé sur le public (fictif au moment de la répet) comme les politiques, petits pas de côté pour virer à droite, mains sur les hanches…
J’essais de l’imiter ! Pas facile !


 la pro 
moi !

20h, les invités arrivent par vague. Parmi eux quelques uns sont mes amis. Je suis touchée.


mes amis  !


La soirée débute par un cocktail puis les mannequins sont appelées dans les loges où nous enfilons nos robes. Deux ou trois épingles à nourrice par-ci, par-là, quelques retouches maquillage et nous sommes prêtes, en rang d’oignons, derrière la porte qui mène à la scène !

Pendant ce temps là les invités assistent à trois discours sur le cancer, les progrès, tout ça…


Musique !

La première mannequin se lance. Puis la seconde, puis la troisième.
J’ai le cœur qui bat. Bientôt mon tour viendra et j’ai un problème. Ma robe de gala est superbe mais elle a une longue traine. Je sens que je vais vite me prendre les pieds dans les pans de tissus argentés. Et comment tourner sur moi-même ? J’aurais jamais dû choisir cette robe ! Quelle idée j’ai eu. Bref, j’ai comme un problème…
Ouf, sauvée ! Voyant ma mine décomposée en revenant de son premier passage, « la pro » s’avance vers moi et me dit d’un ton ferme : « c’est pas compliqué, tu attrapes ta traine par derrière à hauteur de ton genoux et tu ne la lâches pas pendant tout ton passage. »
Ok, ok, ok, ok…

C’est mon tour !


J’attrape ma traine et je me lance sous les projecteurs et le regard de l’assemblée. L’ambiance est bonne enfant, je le sais. La pression n’est pas plus forte que celle d’un tour de chant en CP à l’occasion d’une fête de fin d’année, mais, j’avoue, j’éprouve  une sorte de trac.
J’avance, je tiens ma traine d’une main, ne sais pas trop ou poser mon regard, j’ai l’impression de sourire bêtement, je pense à mes pieds pour ne pas tomber, je pense aussi à la robe (pour qu’elle soit jolie), je pense à mon chéri (pas question d’être ridicule), bref : je pense trop !

Il n’empêche, je termine mon tour plus vite que je ne l’aurai cru. Tout est allé très vite, trop vite. C’est d’ailleurs le ressenti de toutes les mannequins. Ca défile. Normal c’est un défilé ! 

je ne lâche rien !!

Puis c’est le final ! Telles des actrices à la fin du spectacle, nous revenons toutes ensembles sur le devant de la scène et sous les applaudissements du public. Un moment joyeux, heureux, léger.

Nous sommes fières. Fières d’être des femmes ! Fières de nous sentir belles, féminines. Fières de porter des robes (très) décolletés. Fières d’être là.

mannequins souriantes (rare !)

Un peu plus tard, nos robes de gala sont mises en vente aux enchères. Toutes ou presque  trouvent un acheteur.
Les bénéfices de cette soirée seront tous reversés à La Ligue contre le cancer.

Bravo à l’association « Au sein de la mode ». A tous ces jeunes issus de l'Ieseg (une école de commerce ) qui se sont mobilisés pour la 3e année consécutive et se sont investis pour organiser cette soirée de gala et récolter des fonds.

 Merci à BHL (l’autre, mon oncle médecin) pour m’avoir offert ma robe de gala !!

Un brin de muguet et des bisous à tous
 
CC

Pour voir 



Pour en savoir plus sur :
l’Association « Au sein de la mode »,  rendez-vous sur le site ou sur facebook


Etincelle (l’Association dont je fais partie à Issy-les-Moulineaux sans laquelle je n’aurai pas été conviée à participer à ce défilé.