mercredi 21 mars 2012

Mode préopératoire...




Hier matin j’étais à Curie pour une série d’examens préopératoires : prise de sang, radio du thorax, électrocardiogramme, etc… J’y retournerai encore jeudi : rdv avec l’anesthésiste, etc… Aujourd’hui j’ai passé une échographie du cœur,  et surtout, j’ai eu droit à une séance e sophrologie sur mesure, pour m’aider à passer le cap de l’opération, de l’anesthésie, de l’abandon, du lâcher prise, du sommeil provoqué… ce cap qui a des échos particuliers et extrêmement douloureux pour moi.

souvenirs d'enfance...

Comme Nounours et le marchand dans de sable dans « Bonne nuit les petits » la sophrologue m’a préparé un petit sac de poudre magique à utiliser à volonté. Un sac empli de mots, de pensées positives, de jolies images. Je n’en dévoilerai aucun extrait. Ce sac m’appartient. Il est pour moi. Juste pour moi. Fait pour m’aider, m’apaiser,  imaginer le meilleur et pas le pire…. Merci à elle (la sophrologue)...

Si j’étais peu loquace ces derniers jours c’est que j’étais et que je suis encore bien fatiguée. J’avoue, même si j’ai plutôt pas mal tenu le choc jusque là, à en croire les spécialistes, je sens maintenant mes forces s’amenuiser, mes jambes me lâcher dans les côtes et les escaliers. Bref, 6 séances de chimio, ça use, ça use….les souliers !! 

Ca use mais ça soigne ! Reste donc cette fichue opération, puis la suite… mais après ce sera peut-être plus facile. J’aurai passé les étapes plus difficiles...

J’en profite pour remercier tous les soignants qui sont parfois pour moi des sortes de « parents adoptifs » (Je m'en expliquerai plus longuement un jour sur ce blog). Car oui, il y a ceux qui n’aiment pas les médecins et ceux qui les aiment… Moi je les aime. Ils m’ont toujours sortie des situations les plus graves. Ils m'ont déjà sauvé la vie quand j'étais enfant. Des années plus tard, je me confie à nouveau à eux. Etrange...

Je rentre à l’hôpital lundi prochain et je sortirai vendredi ou samedi.  Je n’écrirai pas là-bas.

Je vous retrouve donc début avril et vous embrasse tous très fort. 

CC

ps : merci à tous, famille, amis, soignants... pour tout ce que vous m'avez apporté ou donné ces derniers mois.

ps : Ce soir encore je vais faire un gros câlin à ma fille avant de me glisser dans les bras de mon chéri. C'est bon les rituels...

mercredi 14 mars 2012

Sous le soleil exactement...




chiche...on y va ? (photo du chéri)

Sous le soleil exactement je n’y ai plus droit. Enfin, je dois être prudente pendant quelques temps. Bien sûr je peux marcher sous le soleil, avec un chemise de lin blanc, un pantalon en toile, une casquette chic et colorée, des lunettes noires et des sandales en toile qui recouvrent le dessus de mes pieds (comment je me la pète !!???)… mais… je ne dois plus prendre de bain de soleil... Non, non, non.  Ni maintenant, ni cet été.  Encore la faute à la chimiothérapie, et bientôt, aussi à la radiothérapie…

Tout  bien considéré, voilà qui m’éduque aussi. Car si, comme vous, enfin je suppose, je me réveille de meilleure humeur lorsque le soleil se glisse dès le matin jusque dans mon bol de café au lait et s’étale, lui aussi, sur mes tartines déjà beurrées, je sais qu’il faut apprendre à s’en protéger.

Se protéger ne veut pas dire ne plus jamais faire le lézard sur le sable ou dans l’herbe, mais attendre les heures moins chaudes pour se dévêtir, se crémer… Bref, dorer mais pas rôtir !! Et dans mon cas, attendre le prochain été.

Faut-il que je m’en plaigne ? Je ne crois pas. Finalement quand je pense à tous ceux qui vivent dans les pays chauds, ils se couvrent de vêtements souples et longs, portent des turbans sur la tête, restent à l’ombre quand le soleil se dresse au milieu du ciel.
Sûr, on les imagine mal en maillot de bain sur des chameaux, sauf à vouloir absolument gagner une insolation.

 j'adore ce film...

Le beau temps revenant il faut donc que je sois un peu plus prudente. A la plage oui, mais sous un parasol. A la terrasse d’un café oui, mais sous un parasol. A la montagne oui, mais avec une casquette… Bref, je ne dois plus foncer comme à mon habitude sur les parcelles gorgées de soleil, tout de go, sans protection.
Je dois avoir un peu plus de jugeote. Je dois me comporter en grande fille, comme je le ferai, plus instinctivement, si je devais m'occuper d'un bébé ou d'un  jeune enfant à la plage.

Il n’empêche, « je suis de bonne humeur ce matin ; y’a des matins comme ça »... Merci SOLEIL !!

Des bisous…

CC

jeudi 8 mars 2012

La liste des courses !

 Avant billet : J’ai commencé ce petit billet mercredi dernier, mais je n’avais pas eu le temps de le finir… 


Ce matin, je suis sortie faire quelques courses à côté de chez moi, avec ma liste en poche : carottes râpées, pommes vertes, tomates, laitues, pain, pq, brosse à dents, jus de fruit, biscuits secs, pistaches, pâtes fraiches, etc….

Juste avant, j’ai trainée un peu dehors, profitant de la douceur nouvelle des températures, et, j’ai pensé : si je devais faire une liste de ce qui me manque vraiment ou non dans ma vie depuis ma maladie… que faudrait-il que je rachète ? Qu’est-ce qui est indispensable pour moi ? Que me manque t-il  vraiment ? Que me reste t-il encore dans mes placards, mes tiroirs, mon frigo…?? En clair, dans mon cœur, mon corps, mes pensées, mon bout d’âme s’il existe.... quelque part.



+ Etre aimée … J’ai !
Etre aimée. Je le suis. Enfin je le pense. Je l’espère surtout.
Je suis aimée très fort par mon chéri, par ma fille…Je l’ai aussi été (je le crois, je l’espère…) par d’autres, ceux qui m’ont été très chers : le père de ma fille, mes parents.
Lorsque j’étais à Nantes, tout récemment, j’ai assisté à un très beau moment : la belle sœur de mon chéri changeait son bébé, un petit garçon d’un mois tout en portant sur lui un regard plein de tendresse et d’espoir. L’enfant ne quittait pas sa mère des yeux. C’étaits très beau à voir. Cela semblait si simple en plus. Si naturel. Pourtant, j’ai eu l’impression d’être le témoin indiscret d’une très belle histoire d’amour…
L’amour, c’est la passion, l’attraction, tout ce que voulez bien y mettre, mais aussi…la  bienveillance.

+ Aimer… J’ai !
Parce que j’ai été aimée enfant, je sais aimer. Je ne sais pas si je sais bien aimer, ou aimer bien. Mais je sais que j’aime. J’aime ma fille. J’aime mon chéri. J’aime mes parents (où qu’ils soient). Je les aime fort. A ma manière. De tout mon cœur. De toutes mes forces.

+ Une famille … J’ai
On ne choisit pas sa famille mais on choisit ceux qu’on aime dans sa famille. Dans mon cas j’ai choisi des oncles, des tantes, des cousins, des cousines... J’espère seulement qu’ils m’ont aussi choisie.
Ils ne remplacent pas mes parents, morts trop tôt mais toujours présents en moi, comme je vous viens de vous le confier. Il n'empêche, ils forment autour de moi une protection sur laquelle j’aime m’appuyer, me lover comme dans un vieux canapé moelleux. Ils sont mes airbags. Ils connaissent mon histoire, mon passé.
J’espère qu’ils puisent aussi en moi de bonnes "éléments". Des énergies. Des bonnes ondes…Enfin quelque chose quoi !

+ Des amis… J’ai !
Les amis comptent pour beaucoup dans ma vie et je n’en manque pas. L’amitié est un sentiment sacré, essentiel, vital... Je le pense. Je le crois. Je détesterai une vie sans amis.

+ Dormir… J’ai !
J’ai un bon lit dans lequel je peux dormir tranquille toutes les nuits. A côté de mon chéri…

+ Se loger… J’ai !
J’ai un toit sous lequel je peux me réfugier sans être jamais menacée d’expulsion. Même s’il m’arrive de penser que l’herbe pourrait être encore (toujours) plus verte ailleurs, je sais que j’ai cette chance. J’ai un toit sur la tête.

+ Se nourrir… J’ai !
Je mange à ma faim depuis que je suis née. Je n’ai jamais dû fouiller dans une poubelle dans la rue pour trouver de quoi me rassasier. Je fais régulièrement des courses. Je ne manque de rien. Ni moi, ni mon enfant.

+ Se soigner… J’ai !
Comme je l’avais dit au départ, la maladie est un coup dur....mais quelle chance nous avons d’être soignés en France dans les meilleures conditions.

+ S’occuper…J’ai !
Là encore ça va. Je ne m’ennuie pas trop. Même malade, même fatiguée, je trouve quelques intérêts…
Déjà il faut continuer à assurer un minimum pour que la maison tourne (courses, ménage, etc…) et que ma fille aille bien (école,  petits copains le week end, distractions…), etc…Et tout cela me demande dix fois plus d’énergie et de temps que d’habitude évidemment… Ensuite dès que je peux m’extirper de ma couette et échapper comme je peux aux rigueurs de l’hiver, j’ai profité des bons moments, grâce à mes proches bien sûr, à mes amis, aux soignants aussi (ce sera l’objet d’un autre billet), à Etincelle, l’Association qui propose tout un tas d’activités adaptés aux femmes atteintes d’un cancer, etc… Mon blog (si, si, cela occupe, etc…). Enfin, je me soigne ! Et ça, c'est du plein temps figurez-vous !!!!

- Travailler : c’est là que cela pèche… Lorsqu’on est absent du monde du travail, on a, enfin j’ai,  l’impression d’être absente du monde des « biens portants ». Même si c’est bon de prendre son temps, d’être en vacances notamment, le travail est très « structurant ». Ne pas travailler renvoie à la maladie, à l’absence. Donc à quelque chose qui ne va pas normalement.

- Se distraire vraiment : difficile de se distraire vraiment, comme je le voudrai. Par exemple je suis allée une seule fois au cinéma depuis ma chimio… Quant on pense que je voyais en moyenne 15 films par mois avec mon boulot. Je sortais aussi facilement, à l’occasion, voir un spectacle ou écouter de la musique avec mon chéri dans Paris, l’avantage de nos métiers…
Désormais, je suis à la diète ! Motifs ? Il y en a trois. Primo je suis souvent très fatiguée. Deusio, quand je ne le suis pas je dois éviter la foule (surtout en hiver) pour ne pas chopper de microbes car je n’ai pas tous mes petits globules blancs avec moi. Tertio, quand on a un cancer, on est plus vulnérable et on supporte moins, enfin pour ma part, les histoire tristes, mélancoliques, etc… Les trucs qui se terminent mal. Les trucs tragiques...
Moi qui aimait bien les films dramatiques, je ne les supporte plus. Je veux du léger, des bêtises, des conneries même … ce que je n’aurai jamais supporté avant. Mais c’est un passage…Et je ne (re)parle pas des vacances (!!)

- Se projeter : même nous faisons tous souvent des plans sur la comète, avec plus ou moins de sens, ou de succès, on en a besoin. Pourquoi ? Parce que ça aide à aller de l’avant, à fleureter avec l’avenir, à se rassurer, à se frayer des pistes différentes… Et ça, c’est bon pour le moral ! Ca nous donne une sorte d’élan. Or, quand on apprend qu’on est atteint d’un cancer, c’est un coup d’arrêt. On voit tout en noir. On ne voit plus l’avenir. On a peur. Surtout au début. Il faut du temps pour se réapproprier le temps. Du temps. Se projeter. Et bien que les médecins vous rappellent qu’ils sont là pour vous « guérir », ils n'ont pas de certitude, juste des statistiques, alors c’est difficile. Surtout au départ.


Conclusion :
Si je fais, dans cette tempête, le cumul des plus et des moins, à bord de mon petit radeau, j’ai quand même beaucoup plus de + que de - !
Me voilà rassurée. J’ai l’essentiel ! De quoi passer une bonne journée ! Et vous aussi j’espère…
Je devrais me le rappeler plus souvent !!

Bonne journée !!

CC

ps : pas le temps de relire. Je corrigerai les fautes ce soir. De toute façon j'y vois pas clair. Mes yeux n'arrêtent pas de couler (des larmes de crocodiles). Encore un effet secondaire de la chimio... Bouhhhh

vendredi 2 mars 2012

Tu verras...

Ce soir, j’avais juste envie de vous partager une partie du mail qui m’a été adressé récemment par l'un de mes meilleurs amis d’enfance… Aujourd’hui médecin de campagne dans le Jura, il nous avait déjà fait part de quelques-unes de ces expériences, notamment sur la façon dont on suivait les personnes en chimiothérapie à la campagne… Son récit semblait vous avoir intéressé. Alors, puisqu’il en est d’accord, je vous livre juste un extrait de son mail que je trouve simple, vrai, et réconfortant.
A très vite et bon wee-end à tous !
CC


Salut CC !

Ta réflexion sur le temps qui passe m'a touché et fait réfléchir.
En vingt ans de pratique, j'ai finalement vu et accompagné beaucoup de personnes dans la traversée de la difficile épreuve que tu traverses toi même en ce moment.
Je les ai vu changer, s'adapter, souffrir, déprimer, réfléchir, prendre conscience, et finalement guérir car heureusement c'est ainsi que cela se passe dans la majorité des cas.
Sur le moment, il y a plein d'idées, plein de choses qui arrivent parce que le corps change, subit une agression que ce soit la maladie ou les soins Il garde quelques séquelles de ces mois de chimio , de rayons ou de chirurgie.
Mais ensuite, tout leur parait avoir été très rapide; une très brève parenthèse dans leur vie avec quelques rappels lors des consultations de suivi.

Et la vie reprend son cours où il avait été surpris, arrêté. Avec les changements.
C'est la nature de ces changements qui compte et en définitif, j'ai plutôt le sentiment qu'ils ne sont pas si importants que cela. Que faut-il faire de cette expérience ensuite? Je constate qu'elle est souvent mise de coté, parfois oubliée. Sans doute une façon aussi de se protéger, cela est bien normal.

Je pense à cette femme qui m'apprenait au bout de quinze ans qu'elle avait eu juste avant de me connaitre une maladie de Hodgkin; j'avais presque l'impression que c'était oublié. Elle aussi et pourtant l'épreuve avait été plus que dure!! Mais nous avons pu aussi identifier ensemble les ressources qu'elle avait alors pu mettre en place pour s'en sortir.

Tu verras…
  
Protège toi et tiens le coup , il y a encore quelques galères à surmonter.

Je t'embrasse très fort CC

D.

une traversée dans le Jura...
 photo prise par le Dr. D

jeudi 1 mars 2012

La dernière séance !!

Aujourd’hui c’était ma dernière « grosse » séance de chimio... YES !!

Convoquée à 14h mais très peu en forme ce matin, je m'y suis rendue avec des pieds de plomb.
Je vous rassure, je suis un peu mieux ce soir et tout s'est bien passé, comme d'hab. 
Merci à tous pour vos messages d’encouragement et vos attentions, qui me portent et me touchent à chaque fois infiniment.
Merci aussi à I.F, ma meilleure amie, qui à mes côtés, a su me réconforter à un moment pas facile de cette journée. 
Merci aussi aux médecins, infirmières, à l'esthéticienne (si, si y'en à une sur place à Curie)  adorables et compétents, et aussi, merci à une patiente qui m'a fait beaucoup rire en me racontant pendant notre séance commune de chimio, quelques-une des péripéties de sa vie.  Elle était acrobate dans un cirque alors imaginez !!??

Cette dernière séance de chimio marque pour moi la fin d'une longue et délicate étape. Je devrais être dans la joie, mais ça n'est pas vraiment le cas. Je suis contente, même un peu "fière" d'avoir passer ce cap, mais je sais que la suite des réjouissances m'attend déjà...  Je m'y prépare. Mon opération est prévue fin mars. Je serai donc face à une nouvelle inconnue. il va falloir faire front.
C'est l'entracte mais surement pas la relâche !! 

The End of the chimio !!

Bien que j’ai horreur (et même peur pour être tout à fait honnête) des anesthésies générales, l’opération ne m’affole pas. Je suis en confiance. Je sais que je suis dans de bonnes mains, surtout à Curie. Et en plus, je peux vous l'avouer maintenant (sinon je n'aurais rien dit) je sais que l'on va "conserver" mon sein, ce qui vous en conviendrez, pour une femme de mon âge, encore assez jeune (soyez indulgent à mon égard, accordez-moi au moins cela, ce brin de jeunesse, ce fond...)  est une excellente nouvelle !!
Je m'inquiète donc plus des résultats biologiques de l'opération. Autrement dit j'espère que toutes les méchantes cellules auront été éradiquées, atomisées par les bombes chimiques, ce qui me permettra d'échapper à quelques séances de chimio supplémentaires, 3 ou 4, si ça n'était pas le cas. Reste ensuite la radiothérapie, mais ça, le plus souvent, ça se passe très bien.


Depuis deux jours, je voulais coucher un billet d’humeur plus gai que le précédant :-)). Mais j'ai échoué ! Je l’ai bien commencé mais je n’ai pas eu le temps de le finir ce matin à cause des grosses douleurs abdominales qui m'ont assaillie et obligée à retourner au lit avec ma bouillotte en forme de souris !!


ma bouillotte hi hi ...


Mais promis, dès que possible, j’aurai plein de jolies pensées à vous confier. Peut être pas demain. J’ai RDV avec l’As de piques, puis un autre médecin, puis une amie que je dois aider (oui ça m’arrive encore d’aider les autres à de petites bricolettes !!!).  Dopée par les corticoïdes, je profiterai de ma journée pour m’activer  avant de m’affaler à nouveau quelques jours, à l’instar de mon chat, sur mon canapé où de me camoufler sous ma couette…

moi faire tout pareil...

Je vous souhaite une belle nuit et de jolies pensées dans vos coeurs. 
Pour moi il est grand temps de retrouver mon chéri !!

CC 

Ps : merci à ma cousine I.L pour l'envoi de sa crème dont je fais bon usage (!!)
Pss : j'espère que vous n'avez pas lu la première version de ce billet, tapé à la hâte, truffé de fautes (fatigue, distraction, déconcentration, encore la faute à la chimio. Non pas à la mauvaise foi !!!).