mardi 4 septembre 2012

Coucou c’est moi !!






Ayé ! C’est la rentrée ! 

Comme des milliers de mamans (et quelques papas) j’ai accompagné ma fille à l’école ce matin.
Comme des milliers de mamans (et tous les papas) j’ai regardé la nouvelle maitresse de ma fille de haut en bas : son allure, sa taille, son âge, son regard, son sourire… « Quel rôle cette femme va t-elle va jouer dans la vie de mon enfant ? Comment cette nouvelle année va t-elle se passer ? »
Comme des milliers de mamans (et tous les papas) je me suis assurée que ma fille retrouvait bien ses amis.
Comme des milliers de mamans j’ai embrassé ma fille sur la joue avant de quitter l’école.

Ensuite tout était différent.

Papas et mamans se sont dispersés très rapidement. Les uns se sont engouffrés dans le métro. D’autres se sont enfuient au volant de leur voiture. Même à pied, tous semblaient filer rapidement…

Moi je n’étais pas pressée.

Comme il faisait beau je me suis rendue sur la place du marché. Là j’ai erré un peu. J’ai acheté un journal au kiosque puis je me suis assisse au café de Paris où j’ai commandé un jus d’orange pressé.

Là, dans un rayon de soleil,  je me suis souvenue.

L’an dernier à la même époque j’accompagnais ma fille à l’école pour sa rentrée en CE2.
J’étais émue et pressée.
J’avais les cheveux longs.
Je rentrais de vacances.
J’étais en pleine forme.
J’avais plein de projets.
Je n’imaginais pas une seule seconde que tout allait vaciller rapidement.

Je vais mieux.

Oui je vais mieux. Les vacances, car je m’en suis allée promener, ont été bonnes. Je dirai même plus : les vacances ont été très bonnes.

Demain j’ai 48 ans.
Je suis fière de moi.

Quand j’ai appris ma maladie, il y 11 mois maintenant, en octobre dernier, j’avoue, j’ai eu très peur.
Peur pour moi. Peur pour ma fille. Peur pour mon chéri. Peur de mourir évidemment.
Et puis je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait. Tout allait trop vite. L’annonce de la maladie, les examens complémentaires, le début des traitements, l’arrêt de travail… En moins d’une seconde j’avais basculé dans un autre monde. Je devais m’adapter. Je n'avais pas le choix. 

Je suis fière de moi (bis).

Je suis fière de moi car j’ai tenu. J’ai tenu une sorte de cap dans la tempête que je vous ai décrite, à ma façon, dans les précédents billets de ce blog.
J’ai tenu sans chercher à trop résister. J’ai tenu avec les moyens du bords. La chimio surtout.
J’ai laissé faire les soignants. Ils ont tout décidé. Plan de traitement, dose, opération, rayons…   

Le cancer un ovni.

Ce cancer est arrivé dans ma vie à la vitesse de l’éclair. Il s’est dressé devant moi, m’a barré la route, comme ça, sans prévenir.
Comme une boule lâchée dans un jeu de quille il a tout bousculé : mon emploi du temps, ma façon de vivre, ma façon de penser, ma façon de voir aussi.
  
Les médecins ont ôté la maladie.

Quelques mois après les premiers traitements les médecins m’ont dit que les nouvelles étaient bonnes. J’étais en rémission complète. « On a ôté la maladie », comme m’a assuré l’un d’entre eux. Maintenant on fait en sorte qu’elle ne revienne jamais, plus jamais. C’est pour cela que mon traitement dit "lourd"  continue jusque fin novembre.
En cancérologie il n’y a aucune certitude. On va vers les bonnes ou les mauvaises nouvelles. Jusqu’à présent je suis allée vers les bonnes. Une chance.

Je suis fière de moi. Je suis aussi fière de mon chéri et de ma fille.
Sans eux je ne sais pas si j’aurais trouvé la force de « survivre » une seconde fois. Car oui j’ai déjà éprouvé ce sentiment. La peur de mourir. J’avais 7 ans. J’étais une enfant. Un accident de voiture qui a tout foutu en l’air. La vie de mes parents. La mienne sans eux. 
Nous étions trois dans la voiture ; je suis la seule a avoir survécu. 

Mon cancer m’a rappelé cet accident. Absurde.

Dans cette nouvelle tempête, ma fille et mon chéri sont restés eux-mêmes. Naturels, calmes, vivants, présents. Infiniment présents. Infiniment vivants. Ils n’ont pas fermé les yeux. Ils n’ont pas fait semblant. Ils n’ont pas fuient. Ils ont toujours été là. Je me suis sentie aimée et j’ai continué à aimer.
  
Je n’ai pas travaillé depuis 10 mois mais j’ai beaucoup appris.

J’ai appris, j’ai grandi et j’ai beaucoup pensé.
Je suis plus forte et aussi plus fragile.
Je suis plus calme et plus sereine.
J’ai déplacé le curseur sur mon échelle de mes valeurs.
Certaines choses comptent davantage, d’autres moins.
Et c’est bien comme ça.

Ce matin devant l’école de ma fille, personne, si je n’avais pas les cheveux très courts (oui j'ai viré ma perruque cet été, trop chaud) et encore un foulard dans les cheveux, n’aurait pu se douter que j’avais passé une année si « particulière ».

J’avais l’air en pleine forme. J’étais en pleine forme.

La vie est ainsi. Faite de séquences.

Le film continue.

Bonne rentrée !

CC

Ps : je suis aussi très fière de mes amis et de mes cousins. 

4 commentaires:

  1. Très émue par tes mots et ton courage Caroline. Très belle soirée d'anniversaire à toi. Je t'embrasse bien fort. Nathalie

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  2. contente que tu reprennes ton clavier, et de retrouver ton excellente plume!Claire

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  3. Un très bel anniversaire à toi ce soir ! Anniversaire de ta naissance. Celui de cette séquence aussi. Mieux vaut être après qu'avant. Ce cancer qui t'a barré la route n'a pas fait le poids malgré ses airs de gros balèze.
    Tu mérites cette 48° bougie qui brillera à jamais plus fort et plus haut que les autres. C'est celle de ta Victoire. Joyeux anniversaire !

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  4. T'inquiète Caro , même 50 ans ça passe aussi.
    Par contre, le syndrome du "nid vide" c'est un peu plus dur!!
    Je suis heureux de voir combien tu profites du moment.
    Et combien toutes ces années à venir seront encore belles pour toi.
    On s'y partagera des petits moments au nom du bon vieux temps.
    Damien

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