KC mais pas KO !

Passé le choc de la première cure de chimiothérapie et ses effets secondaires en tous genres : sensations inhabituelles dans tout le corps : douleurs articulaires, mal au ventre, fatigue extra +++, acné, moral dans les chaussettes, et j’en passe….on apprends à se connaître. On anticipe. On pense que la semaine qui va suivre la 2^e cure va ressembler à la première.

Eh bien non… ça n’est pas tout à fait exact.

D’abord, les médecins qui vous voient avant le passage des produits lors de votre 2^e cure vous orientent un peu mieux sur les médications à prendre en fonction de vos réactions.

Ainsi, si nécessaire, vous utilisez mieux votre boite à pharmacie. Quand je dis boite, je devrais dire : tiroir, placard, armoire normande !! 

Ensuite, pour ma part, je commence peut-être à bénéficier des bons soins que je suis me suis accordée : réflexothérapie, sophrologie, et surtout les piques de l’As. L’acupuncteur a peut-etre vraiment fait des miracles...!! 

Bon d’accord j’ai passé la matinée au lit (mais entre temps j’ai pu accompagner ma fille à l’école). La dernière fois c’était mission impossible.

J’ai réussi à déjeuner. Un peu. La dernière fois, seule une gorgée de coca-cola a bien voulu passer.

Je suis maintenant sur le canapé, toujours en pyjama, mais là, j’écris... Je peux donc tenir mes deux paupières ouvertes. La dernière fois j’étais prostrée au fond de mon lit, tordue de douleurs.

Aujourd’hui je ne souffre pas, juste quelques crampes mais qui s’estompent rapidement avec du doliprane.

Bref, je vous l’accorde, je n’ai aucune envie (enfin si l’envie) mais pas la capacité de sortir bien loin, ni même chez Monop au bout de la rue. Mais franchement, pour un jour « down », il est plus « up » que la dernière fois.

Ce qui prouve que Mme P., à une fois de plus raison quand elle me dit :

« Quelques jours un peu rudes et cela repartira ... rappelez vous la première fois ça a été comme ça et le corps s'habitue il sait qu'il aura aussi des récompenses : petites attentions douces que vous lui donnerez.

Alors sans doute les réactions seront moins brutales ... »

J’apprends donc à ménager mon corps, à l’écouter, à lui accorder du temps, du repos. A laisser agir la chimiothérapie, à la laisser infuser, diffuser, là où il faut, même si je dois en payer le prix. 

 La zenitude de Mme P.

Pour l’esprit c’est plus dur…

D’un côté j’avance un peu ; d’un autre je ne sais pas. Passé le chagrin, la colère monte en moi.

A quelques jours de Noël où tous s’agitent en tous sens, courent chiner les cadeaux, décorent les maisons, préparent les réveillons… je sens mes nouvelles limites. 
Les fêtes ne sont pas forcément mes périodes préférées car nous sommes tous un peu crevés en fin d’année, mais j’aime bien l’idée de filer en douce pour dérober un dernier petit cadeau surprise à la sortie du boulot pour ceux que j'aime… J'aime aussi l'idée de nous retrouver tous ensemble dans la cuisine, mettre les petits plats dans les grands, préparer la soirée, porter une jolie robe, des chaussures à talons, trouver beau mon Chéri, habiller et coiffer ma fille déjà joyeuse,  aller (ou pas) à la messe, voir les enfants déchirer les papiers cadeaux en moins d’un quart de seconde alors qu’on a fait au moins un quart d’heure de queue pour les faire faire…

Bref, je disais pour l’esprit oui c’est plus difficile pour moi en ce moment. Je sens que j’entre vraiment dans la maladie. Au sens où je dois respecter mon nouveau rythme, faire plus « attention » à moi, car il n'y a plus vraiment de place pour l’excès... Je dois ralentir !!  Mais si mon corps me le réclame, ma tête elle, bat plus vite !

Alors monte en moi une sorte de discordance entre le corps et l'esprit qui génère de la colère. De la rage même. Pourquoi suis-je fragilisée physiquement alors que je me sens encore de la force morale pour 10 !! C’est surement cette force et cette énergie, ce goût pour la vie qui se retourne un peu contre moi. Je n’aime pas vivre feutrée, freinée. J'aimais mon rythme. C'était le mien. Pourquoi m'échappe t'il subitement ? 
Pourtant j'ai une chance folle. Je suis aimée et bien entourée. 
Après le corps, il faut donc que j’arrive à canaliser mon esprit. A le faire dériver comme il faut. J’ai encore bien du mal. Ceux et celles qui sont passés par là ont-ils ressenti ces mêmes difficultés ? 
Peut-etre que je suis loin d'avoir apprivoisé tous les effets secondaires de la chimiothérapie. Surtout ceux qui portent sur l'esprit et le moral...
Ca ira mieux demain !

Donc à demain,

CC

PS : je vous livre deux nouvelles images dans la série « nuits calmes », l’une adressée par VZ et l’autre par RR.

Bonne nuit les petits…pom, pom, pom, pom, pom…

elle croque même les nuages...

Il est bo l’arc-en-ciel !