J’étais à Curie lundi où
j’ai appris, enfin, de bonnes nouvelles.
« Madame, les nouvelles sont bonnes, vous avez très bien répondu au
traitement. Vous n’aurez pas besoin de cure de chimiothérapie supplémentaire...» Je vous passe les
détails.
Je suis ressortie de ce
rendez-vous à la fois euphorique et secouée.
Quelques jours auparavant, plus l'annonce des résultats approchait, plus la pression montait en moi pour atteindre son seuil maximal. J’avais hâte d'en savoir plus mais
aussi très peur. Quel serait le verdict !!??
J’avais le sentiment
désagréable de retourner à la case départ, comme dans les jeux de société lorsque vous lancez les dès et que vous tombez sur la mauvaise case.
Affreux !
Je m’étais préparée donc à
toutes les éventualités sauf à la meilleure. Par peur d’être déçue ? Sans doute.
Résultat, non seulement je ne retourne
pas en arrière mais j’avance de deux cases !! Voire de quatre puisque je saute 4
cures de chimio et passe directement en radiothérapie.
Début du traitement
début mai. Durée, deux mois.
Mauvaise nuit…
Avec ces excellentes
nouvelles, j’aurais dû passer une très bonne nuit. Celle de lundi à mardi. Mais non. Ca a été tout le
contraire. D’abord quelques douleurs (cicatrices, etc…) se sont réveillées et
ont été plus marquées que d’habitude.
Ensuite, au réveil,
j’étais à nouveau clouée au lit par la fatigue, avec en prime un peu de fièvre.
A croire que toutes les tensions accumulées me retombaient dessus comme un gros
sac de plombs. Epuisée, sans force, vidée, rincée, j’avais le moral dans les
chaussettes tout en réalisant (et détestant aussi) le parcours inimaginable que
je venais d’accomplir.
Terre !!
Lorsque j’ai appris que
j’avais un cancer, c’est comme si j’avais été débarquée en moins de
30 secondes d’un gros paquebot pour embarquer sur un canot de survie avec
pour mission de tenter de suivre le même cap que le gros machin sur la mer mais
sans confort ni beaucoup d’outils de navigation !!
A bord, on m’a flanquée de quelques vivres mais surtout d’une énorme trousse de pharmacie dans laquelle
y’avait de drôles de produits, notamment de la "chimiothérapie" !! Ah ! Bé... Pourquoi faire !? Hein !? Pas envie de ça moi. Mais si, moi obligée d'en consommer sans modération pour survivre.
Du paquebot à mon canot,
il y avait également une passerelle permetant à ceux que j’aime et qui m’aiment (un
peu, beaucoup, passionnément… très proches, proches, amis…), comme aux
soignants, de me tenir compagnie de temps à autre et/ou de me traiter.
Simplement, je reste quand même toujours seule dans ma galère. C'est la règle du jeu.
Le temps passe lentement. Je
dois essuyer le gros temps, profiter des accalmies, ne pas dériver.
La route est
méconnue, je ne suis pas préparée, pas formée.
Je dois tout apprendre, faire
confiance.
Je dois laisser les éléments agir (l'eau, le vent, le ciel), qu'ils soient pour ou contre moi. Pas un jour ne ressemble exactement à l’autre. C'est belle et bien l'aventure. La vraie ! Pas koh-Lanta !!
C’est donc une traversée. Ma
traversée.
Chimiothérapie. Opération.
Après six mois de galère,
du poste de commandement du paquebot, on m’adresse les premiers résultats de
l’épreuve. Mieux vaut qu’ils soient bons.
Ils sont bons !!
Ouf.
J'aperçois enfin un bout de
terre au loin !!
Mais il me reste encore un peu de
chemin à faire avant d’atteindre le rivage. Je dois économiser mes forces. J’ai
le visage ridé par soleil, la peau abimée, les lèvres gercées, les yeux plissés, les mains engourdies à
force d’avoir ramé, le corps fatigué. Je suis épuisée.
j'arrive, j'arrive...mais pas tout de suite
Il faut que je regagne ce
rivage. Le sable, la plage. Laissez-moi juste le temps, même si les nouvelles
sont bonnes, de reprendre mon souffle.
CC
Ps : je pense très
fort à Adeline. Je suis en colère parce que je sais qu’elle passe par des
passages très douloureux, difficiles, extrêmes. Sa traversée est extrêmement
longue et je l’admire pour son courage.
Pss : je participerai
à un défilé « au sein de la mode » le 26 avril prochain. Avec d’autres
femmes atteintes d’un cancer, nous allons jouer les mannequins et porter de
très belles robes. L’objectif de l’association qui organise cette soirée de
gala au théâtre de Neuilly : récolter des fonds pour la ligue contre le
cancer.
Psss : merci à la
chirurgienne qui s’est très bien occupée de moi. Les chirurgiens font des
miracles. On ne le dit jamais assez !!
Pssss : il y a eu et il aura encore de très belles rencontres dans cette partie de la traverssée.
Psssss : merci à mon chéri d'être toujours resté sur la passerelle, quelle que soit la météo.
Merci CC. je suis tellement contente pour vous. C'est tellement vrai tout ce que vous dites... on reste seul sur notre radeau du cancer... et la route est tellement longue... ne m'admirez pas pour mon courage, je n'en ai plus... je me debat dans la houle et bois la tasse plus qu'a mon tour, avec le sentiment que je ne reverrai plus jamais la terre...
RépondreSupprimerPrenez soin de vous
Adeline
quelle belle plume!!!tu as ta place dans la presse écrite..c'est vrament magnifique.. Je suis trop contente de toutes ces bonnes nouvelles.. c'est génial.. je t'embrasse très fort et j'ai une pensée moi aussi pour toutes celles qui sont encore en pleine tempète.(CLAIRE)
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