Ayé ! C’est la
rentrée !
Comme des milliers de
mamans (et quelques papas) j’ai accompagné ma fille à l’école ce matin.
Comme des milliers de
mamans (et tous les papas) j’ai regardé la nouvelle maitresse de ma fille de
haut en bas : son allure, sa taille, son âge, son regard, son sourire… « Quel rôle cette femme va t-elle va
jouer dans la vie de mon enfant ? Comment cette nouvelle année va t-elle
se passer ? »
Comme des milliers de
mamans (et tous les papas) je me suis assurée que ma fille retrouvait bien ses
amis.
Comme des milliers de
mamans j’ai embrassé ma fille sur la joue avant de quitter l’école.
Ensuite tout était
différent.
Papas et mamans se sont
dispersés très rapidement. Les uns se sont engouffrés dans le métro. D’autres
se sont enfuient au volant de leur voiture. Même à pied, tous semblaient
filer rapidement…
Moi je n’étais pas
pressée.
Comme il faisait beau je
me suis rendue sur la place du marché. Là j’ai erré un peu. J’ai acheté un
journal au kiosque puis je me suis assisse au café de Paris où j’ai commandé un jus
d’orange pressé.
Là, dans un rayon de soleil, je me suis souvenue.
L’an dernier à la même
époque j’accompagnais ma fille à l’école pour sa rentrée en CE2.
J’étais émue et pressée.
J’avais les cheveux longs.
Je rentrais de vacances.
J’étais en pleine forme.
J’avais plein de projets.
Je n’imaginais pas une
seule seconde que tout allait vaciller rapidement.
Je vais mieux.
Oui je vais mieux. Les
vacances, car je m’en suis allée promener, ont été bonnes. Je dirai même
plus : les vacances ont été très bonnes.
Demain j’ai 48 ans.
Je suis fière de moi.
Quand j’ai appris ma
maladie, il y 11 mois maintenant, en octobre dernier, j’avoue, j’ai eu très
peur.
Peur pour moi. Peur pour
ma fille. Peur pour mon chéri. Peur de mourir évidemment.
Et puis je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait. Tout allait trop vite.
L’annonce de la maladie, les examens complémentaires, le début des traitements,
l’arrêt de travail… En moins d’une seconde j’avais basculé dans un autre monde.
Je devais m’adapter. Je n'avais pas le choix.
Je suis fière de moi (bis).
Je suis fière de moi car
j’ai tenu. J’ai tenu une sorte de cap dans la tempête que je vous ai décrite, à ma
façon, dans les précédents billets de ce blog.
J’ai tenu sans chercher à
trop résister. J’ai tenu avec les moyens du bords. La chimio surtout.
J’ai laissé faire les
soignants. Ils ont tout décidé. Plan de traitement, dose, opération,
rayons…
Le cancer un ovni.
Ce cancer est arrivé dans
ma vie à la vitesse de l’éclair. Il s’est dressé devant moi, m’a barré la
route, comme ça, sans prévenir.
Comme une boule lâchée dans
un jeu de quille il a tout bousculé : mon emploi du temps, ma façon de
vivre, ma façon de penser, ma façon de voir aussi.
Les médecins ont ôté la
maladie.
Quelques mois après les
premiers traitements les médecins m’ont dit que les nouvelles étaient bonnes.
J’étais en rémission complète. « On
a ôté la maladie », comme m’a assuré l’un d’entre eux. Maintenant on
fait en sorte qu’elle ne revienne jamais, plus jamais. C’est pour cela que mon traitement dit "lourd" continue jusque fin novembre.
En cancérologie il n’y a
aucune certitude. On va vers les bonnes ou les mauvaises nouvelles. Jusqu’à
présent je suis allée vers les bonnes. Une chance.
Je suis fière de moi. Je
suis aussi fière de mon chéri et de ma fille.
Sans eux je ne sais pas si
j’aurais trouvé la force de « survivre » une seconde fois. Car oui
j’ai déjà éprouvé ce sentiment. La peur de mourir. J’avais 7 ans. J’étais une
enfant. Un accident de voiture qui a tout foutu en l’air. La vie de mes parents.
La mienne sans eux.
Nous étions trois dans la voiture ; je suis la seule a avoir survécu.
Mon cancer m’a rappelé cet
accident. Absurde.
Dans cette nouvelle
tempête, ma fille et mon chéri sont restés eux-mêmes. Naturels, calmes,
vivants, présents. Infiniment présents. Infiniment vivants. Ils n’ont pas fermé
les yeux. Ils n’ont pas fait semblant. Ils n’ont pas fuient. Ils ont toujours
été là. Je me suis sentie aimée et j’ai continué à aimer.
Je n’ai pas travaillé
depuis 10 mois mais j’ai beaucoup appris.
J’ai appris, j’ai grandi
et j’ai beaucoup pensé.
Je suis plus forte et
aussi plus fragile.
Je suis plus calme et plus
sereine.
J’ai déplacé le curseur
sur mon échelle de mes valeurs.
Certaines choses comptent
davantage, d’autres moins.
Et c’est bien comme ça.
Ce matin devant l’école de
ma fille, personne, si je n’avais pas les cheveux très courts (oui j'ai viré ma perruque cet été, trop chaud) et encore un
foulard dans les cheveux, n’aurait pu se douter que j’avais passé une année si
« particulière ».
J’avais l’air en pleine
forme. J’étais en pleine forme.
La vie est ainsi. Faite de
séquences.
Le film continue.
Bonne rentrée !
CC
Ps : je suis aussi très fière de mes amis et de mes cousins.