Avant propos : j’ai eu du mal à écrire ces derniers temps. Plusieurs
raisons à cela : emploi du temps chargé, des émotions pas toujours faciles
qui refaisaient surface et des moments où j’allais aussi bien (mieux), alors,
j’avais juste envie d’en profiter…
Mes jours et mes semaines
sont désormais rythmés par la radiothérapie, nouvelle et avant dernière étape
de mon programme de choc.
Alors la radiothérapie
qu’est-ce que c’est ? Et bien je vais vous le dire Madame Ouistiti !!
Bon plus sérieusement,
pour ceux qui ne connaissent pas cette arme thérapeutique, réponse : il
s’agit d’envoyer des rayons sur les tissus proches de ceux qui ont été atteints
par le vilain cancer et de les irradier pour tuer les méchantes cellules qui
auraient échappées aux traitements précédents (chimio, opération). Les cellules qui auraient tenté de
résister ou de se planquer pour mieux revenir plus tard. Mais personne n’est
dupe ! A l’assaut ! Radiothérapie pour celles-ci !
ça se passe comme ça chez
Mc Curie !
Alors comment ça se passe ?
Et bien je vais vous le dire Monsieur Tapir !
Déjà, en cadeau de
bienvenue, vous avez droit à une longue et jolie séance de tatouage ! Si,
si. C’est extra ! Vous passez plus d’une heure entre les mains du
radiothérapeute et de son équipe. Ils prennent des radios, des repères, et marquent
d’un coup de feutre des croix et des traits sur votre torse. Si vous avez vu le sketche sur les tatouages de l'humoriste Belge, François l'embrouille, vous comprendrez très vite de quoi il en retourne.
Ensuite ils recouvrent
leur œuvre de bouts de scotches waterproof car vous devez conserver cette fresque sur votre corps (de
rêve) tout au long du traitement.
Dans mon cas, le traitement
équivaut à 33 séances de radiothérapie, à raison d’une par jour, exceptés les
we et les jours fériés. En clair, j’en ai pour deux petits mois.
ce serait pas mal
ici non?
Vous êtes convoqué à des
horaires très précis (ex : 17h15, 17h40, 15h20). Première mission, arriver
à l’heure ! C’est mieux, même si vous attendez parfois longtemps votre
tour. Parfois, pas toujours.
Vous patientez dans une
salle d’attente où vous croisez assez souvent les mêmes patientes.
Certaines profitent de ce
moment pour se plonger dans un bon polard, un livre de poésie ou un magazine
ultra light, genre Gala. D’autres consultent nerveusement leur i.Phone.
D’autres encore viennent accompagnées. D'autres enfin cherchent le
dialogue, racontent leur histoire à haute voix même si personne n’a envie de
l’entendre, du style j’en suis à mon 3e cancer ! (Non non non je veux pas savoir…
Stop !!!)
Des liens se tissent aussi
spontanément entre certaines femmes. La bienveillance est alors de mise.
Echange de bons conseils, partage des expériences…
Chaque femme est
différente, chaque jour est différent.
Mme « bip », c’est à vous !
Comme à l’école,
concentrée sur les dernières recettes de desserts d’Elle ou Marie-Claire (que
vous pensez bientôt faire mais que vous ne ferez jamais) vous entendez votre
nom sonner.
Vive, (car vous l’êtes
plus qu’en chimio !) vous vous levez pour vous diriger et pénétrer dans une petite
cabine, genre cabine de plage, la mer et la déco en moins. Bien dommage !
Appelez-moi tout de suite Valérie Damidot !!
Bien évidemment (c’est
désormais devenue une habitude), vous vous déshabillez (juste le haut) et vous allez
directement vous allonger sur une table (oubliez tout de suite votre lit douillet),
ou plutôt une sorte de planche en ferraille recouverte d’un bout de rouleau de
papier épais comme du PQ. Bref, pour le confort, je dirai, même pas 1
étoile ! ZERO !
Bon ok, rappel, vous
n’êtes ni à l’hôtel, ni sur la plage… Vous êtes en radiothérapie, en zone
protégée et ultra sécurisée, y’a même des logos qui font peur sur les portes.
On doit bien avoir des têtes de VIP pour avoir le droit d’y entrer !!
pas bouger !!
Bon, l’étape la plus
délicate arrive alors. En fonction de votre morphologie et des zones à traiter le
but est que vous retrouviez très précisément la position dite « de
traitement » qui vous a été attribuée au départ. Les tatouages, c’est donc
pas pour rien. Les rayons doivent taper sur les zones coloriées, pas ailleurs,
sinon : DANGER !!
Moi je suis allongée sur le
dos, le bras gauche pris dans une sorte d’étau, le cou dans une coque, la main droite bien à plat sur ma hanche, le torse un peu bombé et tordu sur la droite.
Les manipulateurs sont
silencieux, calmes, on ne doit pas leur parler pour ne pas les distraire. Ils
recalculent tout, puis vous disent : « c’est bon, on y va ». Et
là, sur ces trois pauvres mots, ils vous abandonnent lâchement et filent aux abris avant
d’envoyer les radiations.
L’espèce de truc en forme
de soucoupe volante au-dessus de votre tête fait des petits bruits, puis vous
entendez une sorte de signal d’alarme qui dure moins d’une minute. Et là, faut
pas bouger d’un iota, ils envoient les rayons. Vous êtes sous surveillance. Comme pour vos retraits d'argent, il y a une caméra. Au cas où...
Tout de suite après les
manipulateurs reviennent, changent l’engin et la table sur laquelle vous êtes
installée de position, refont des calculs savants (pendant ce temps là vous ne devez toujours
pas bouger d’un pouce) et repartent aussi sec. Et rebelote.
Pour ma part je reçois les
rayons sous quatre angles différents. Mes séances durent en moyenne un bon quart
d’heure.
Une fois par semaine j’ai
droit à des radios de contrôle supplémentaires et à une consultation avec le radiothérapeute.
même pas mal !!
Voilà, vous savez tout.
Non ?
Est-ce que cela fait mal ?
Non, c’est indolore. Le plus dur c’est de tenir en place sans éternuer ou avoir
envie de se gratter le pied. Au fil des séances votre peau change. Vous
attrapez comme un gros coup de soleil (je n’en suis pas encore là mais tiens ça me rappelle une chanson...). Et comme
tous les traitements, certains le supportent plus ou moins bien que d’autres.
C’est aussi fatiguant.
Mais je vous l’ai déjà dit, c’est pas tout à fait comme à la plage. Pourtant,
en fermant (très très fort) les yeux, on pourrait presque y croire !
Bonne semaine !
CC
Ps1 : mon chéri s’est
envolé hier pour quelques jours de vacances (très méritées)… Mais il me manque
beaucoup. Bouuuhh.
Ps2 : une pensée pour
Mme P . dont les blagues nous manquent aussi.
Ps3 : une pensée pour
Adeline qui continue à se battre de toutes ses forces.